Par ses caractéristiques spécifiques et grâce à l’« humus fertile » généré par les initiatives citoyennes et les projets des pouvoirs publics, le 'Pentagone sud', c’est-à-dire le sud du pentagone au cœur de Bruxelles, est une zone riche en potentiels. Comment exploiter cet atout et cultiver ce potentiel ? La quête d’une nouvelle méthode pour créer la ville, basée sur la cocréation et la recherche par le projet et s’inscrivant dans une vision plus large de la ville dans son ensemble, est un parcours d’apprentissage important pour changer de manière de penser, avec des logiques de processus en évolution continue remplaçant les logiques de processus habituelles. 

 

Le 'Pentagone sud' s’étend d’Ixelles (Louise) et Saint-Gilles (Parvis) à la Porte de Ninove, Cureghem et la gare de l’Ouest, en passant par les quartiers du canal, dans le bas de la ville. Le tracé se caractérise par un réseau à maillage fin d’anciennes chaussées, de places et de petits quartiers qui relient autant le haut et le bas de la ville que les quartiers à l’intérieur et à l’extérieur du Pentagone. Vu ces caractéristiques, le Pentagone sud constitue une zone de test parfaite au cœur du centre métropolitain de Bruxelles. 

Le Pentagone sud fourmille d’initiatives spontanées et de projets soutenus par les pouvoirs publics. Tant au niveau des initiatives citoyennes qu’au niveau gestion, la volonté et les capitaux nécessaires à l’action existent. Un humus fertile s’est donc créé dans le périmètre, où les projets et opportunités pour la ville peuvent se développer. On peut toutefois se demander comment le potentiel citoyen existant peut être cultivé dans la concrétisation de nouveaux projets en allant plus loin que la participation citoyenne consultative. Comment transformer la multitude de programmes en une chose cohérente et dépassant les limites des domaines de gestion pour le Pentagone sud, où tant la mobilité douce, la nature et la rencontre doivent trouver une place ? 

L’introduction en 2015 de zones piétonnes le long des grands boulevards du centre de Bruxelles a augmenté la prise de conscience politique du fait que les interventions relatives à la mobilité sont indissociables d’un aménagement de qualité de l’espace public. Tant les décideurs politiques que les mouvements citoyens plaident depuis quelques années pour de nouveaux rapports entre la mobilité et la ville. Au-delà des actions de protestation à grande échelle (comme Picnic The Streets) et de la recherche par le projet dans le cadre de mouvements citoyens engagés (comme Filter Café Filtré et Bye Petite Ceinture), ceux-ci se sont également exprimés dans des projets publics et des plans stratégiques. 

Pour objectiver le débat public, mais aussi pour harmoniser dans un projet urbain la politique urbaine, les transitions et les projets en cours, le groupe de recherche académique interdisciplinaire Brussels Centre Observatory a été fondé en 2016 au sein du Brussels Studies Institute (BSI-BCO). Il a entamé un processus coproductif de recherche par le projet et de formation de vision pour l’ensemble du centre-ville métropolitain, où le Pentagone sud peut être vu comme un axe est-ouest très prometteur. 

En passant de manière itérative de l’échelle du réseau complet au niveau de la rue et de la place, on peut construire un cadre. Cette approche globale donne une direction à une multitude d’interventions qui se renforcent mutuellement et créent ensemble un réseau robuste. Si nous considérons le Pentagone sud comme un projet urbain, plusieurs défis peuvent être abordés simultanément pour parvenir à une ville viable. 

On peut donc ainsi s’intéresser simultanément à l’« espace partagé » où la communauté est impliquée dans les projets, à la « mobilité partagée » et à une approche qui lui donne de la place, en soutenant le tout par une « nature productive et une élimination des surfaces imperméables ».

Les sessions de conception cocréatives avec un large groupe de parties prenantes nous permettent véritablement de plonger dans les quartiers et de créer un levier puissant pour un projet urbain social à large spectre, reliant différents défis entre eux et faisant en permanence le lien entre le réseau urbain complet et les quartiers, écoles et personnes. 

Un projet urbain exige par ailleurs une nouvelle méthodologie, de nouveaux rôles et de nouveaux instruments, et nécessite de nouvelles méthodes d’accroissement d’échelles pour jeter un pont entre les objectifs de gestion et la capacité des initiatives individuelles. 

 

Un premier projet en cours de réalisation vise la constitution d’une communauté autour de la végétalisation productive dans la vallée de la Senne et la zone du canal. Ce projet de la Commission de la Communauté flamande peut être un exemple pour la poursuite du développement durable des quartiers et réseaux urbains autour des zones piétonnes, afin de créer un réseau vert-bleu avec constitution d’une communauté. Les infrastructures collectives dans la zone de développement urbain et autour de celle-ci sont mobilisées comme vecteurs physiques de la végétalisation productive. Les toitures, façades, clôtures, espaces de jeu et espaces publics sont intelligemment végétalisés de manière productive (par ex. légumes, aromates, fruits, arbres), avec mise en place de nichoirs et d’autres installations favorisant la biodiversité et les circuits alimentaires courts dans la ville. Grâce à une « acupuncture urbaine », de nouveaux espaces verts sont ainsi créés sur les zones de contact (visibles) entre les écoles et le quartier, servant d’instruments de mobilisation pour un développement durable de la ville axé sur des concepts clés tels que l’approche participative, l’éducation à la santé et l’alimentation durable dans les quartiers en transition. Le fait de s’occuper des « jardins urbains » crée du lien social dans la communauté locale.

Trois projets vont être exécutés. Autour de chacun de ces lieux, des écoles sont impliquées dans un processus de création de communauté locale, avec comme point de départ la végétalisation productive. Le but final est d’y coupler d’autres opportunités pour la ville, par exemple autour de l’espace public, de la mobilité, de la gestion de l’eau ou de la production d’énergie collective, et de mettre en œuvre ces approches sur de plus grandes échelles où des missions similaires se présentent dans la ville. Pentagone sud est donc un parcours pédagogique important favorisant une nouvelle manière de penser, où la logique de processus en évolution constante remplace la logique de projet habituelle. 

 

Type: Atelier, Programme


Année: 2018 - …

Initiative: Avec le soutien de de Bruxelles Mobilité (partie 1 : Mobilité partagée, Espace partagé sur You Are Here), Subsides de projet de la Commission de la Communauté flamande (partie 2 : constitution d’une communauté autour de la végétalisation productive de la vallée de la Senne et de la zone du canal)

Collaborateurs/ Partenaires: Architecture Workroom Brussels, BRAL, BSI-Brussels Centre Observatory, Atelier Groot Eiland, Bye Petite Ceinture, Brussels Academy