La Vlaamse Landmaatschappij (VLM) (Agence flamande pour la Terre) s’occupe depuis plusieurs décennies de l’espace ouvert. À l’occasion de son 25e anniversaire, la VLM s’est associée à Architecture Workroom Brussels et Bovenbouw Architectuur pour mener une étude prospective de l’espace ouvert en Flandre. Les résultats de cette exploration ont été compilés dans la publication Het Open Ruimte Offensief (2013). Cet ouvrage esquisse six projets d’avenir possibles pour l’espace ouvert.

La Flandre se caractérise par des relations difficiles entre l’urbanisation et l’espace ouvert. Une distinction stricte entre ville et campagne n’y tient pas la route. En revanche, l’une et l’autre sont étroitement imbriquées. Du coup, il est devenu impossible de développer l’une sans l’autre. Nous devons tendre vers un nouvel équilibre entre urbanisation et espace ouvert. Pour nous, la solution ne consiste pas à protéger l’espace ouvert de manière purement défensive contre une urbanisation galopante. Nous inversons la logique : comment l’espace ouvert – en tant que lieu de production d’aliments et d’énergie, de loisirs et de nature – peut-il contribuer de manière optimale au développement urbain ?

Cette exploration et la publication ont été à l’origine de la création de l’Open Ruimte Platform. Outre la VLM et Architecture Workroom, l’initiative a également rassemblé le Departement Omgeving (Département de l’Environnement), la Vereniging van Vlaamse Provincies (Union des provinces flamandes) et la Vereniging van Vlaamse Steden en Gemeenten (Union des villes et communes flamandes). Une large coalition de partenaires a ainsi vu le jour pour fédérer les savoir-faire spécifiques autour d’un intérêt commun : l’espace ouvert.

L’urbanisation croissante modifie les rapports entre la ville et l’espace ouvert. La Flandre est l’exemple ultime d’une forte imbrication entre espace ouvert et espace urbanisé. Ils sont indissociables : nous devons donc tendre vers un rapport équilibré entre ville et campagne.

Il ne s’agit pas de sanctuariser l’espace ouvert face à l’urbanisation. La question qui se pose est de savoir comment l’espace ouvert, en tant que lieu de production alimentaire, de production d’énergie, de loisirs et de nature, peut contribuer de la meilleure façon au développement urbain.

Depuis 1988, la VLM se préoccupe de l’état de l’espace ouvert. Aujourd’hui, l’espace ouvert en Flandre est menacé par une urbanisation galopante : à de nombreux endroits, on ne peut donc plus parler de distinction claire entre ville et campagne. L’espace ouvert se raréfie et les divers secteurs ayant un impact sur lui en Flandre vont devoir mieux collaborer et se mettre en quête de synergies.

En collaboration avec Bovenbouw Architectuur et Architecture Workroom, la VLM a développé six hypothèses de projets d’espace ouvert pour la Flandre de demain :

1. Périphérie urbaine
Vu la croissance démographique, la demande de logements augmente. Du coup, l’espace ouvert en Flandre subit une pression d’autant plus forte. Si nous voulons préserver le plus possible cet espace, nous devons développer des solutions qualitatives permettant à davantage de personnes d’habiter à un même endroit. L’idéal de la maison quatre façades à la campagne va devoir céder la place à des formes d’habitat qui renforcent les fonctions et le rôle de l’espace ouvert : production alimentaire, loisirs ou production d’énergie.
Les anciennes fermes étant souvent vendues et transformées en habitations, les activités agricoles se font plus rares. L’agriculture va-t-elle disparaître ? Pas obligatoirement. Un groupe de personnes qui s’installe dans une ferme laissée à l’abandon peut être une solution durable et de qualité. Étant donné que la création d’un tel habitat groupé requiert de former une coalition qui dépasse l’approche sectorielle, une Team Stadsrandbouw (construction en périphérie urbaine) a été mise sur pied. Cette équipe accompagne les agriculteurs et les résidents et délivre un permis de construire unique en périphérie urbaine, couvrant l’ensemble de la demande. La ferme devient ainsi l’épicentre d’un paysage de parc multifonction – un jardin de loisirs produisant des aliments, pour les citadins.

2. Paysage alimentaire
Les zones agricoles autour des villes sont fortement menacées par les activités récréatives et l’urbanisation galopante. De plus, le citadin ne consomme que rarement les aliments cultivés autour de la ville. C’est pourquoi VLM entend stimuler la production et la consommation locales d’aliments par la mise en place d’un système de distribution et d’un réseau de marchés urbains. Les fermiers établis à proximité des villes seront ainsi stimulés et bénéficieront d’une sécurité juridique dans un bâtiment spécifique, pour une agriculture en circuit court. Cela permet l’émergence d’un paysage alimentaire : une zone spécifiquement organisée pour la production, le traitement et la distribution d’aliments destinés à la ville. Ce couple consommateur-producteur renforce la relation entre la ville et son paysage alimentaire.

3. Construction paysagère
En Flandre, les habitations, lotissements et longues rangées d’habitations ont colonisé quasiment l’ensemble des paysages naturels. Cette urbanisation a déstructuré le paysage et, dans les zones inondables, les habitants se retrouvent régulièrement les pieds dans l’eau. C’est pourquoi le gouvernement flamand lance le programme d’action Landschapsbouw (construction paysagère) : au lieu de continuer à lotir dans les zones habitables, l’idée serait de miser sur le développement d’habitats collectifs ciblés, autour d’un paysage naturel. En restructurant le tissu urbain, le paysage reprend ses droits et retrouve sa place de parc naturel et public au cœur de l’environnement.

4. Smarter Agro
De nombreuses entreprises agricoles ont évolué. De producteur très local, elles sont devenues des petits et grands acteurs dans une économie agro-alimentaire mondiale. Un important changement d’échelle a eu lieu, surtout sur les terrains d’origine, dans les fermes, et dans leurs environs. Dans cette même période, la construction des rangées de maisons et des lotissements a explosé. Résultat : les entreprises agricoles se trouvent désormais souvent à proximité des quartiers résidentiels et des habitations, voire entre ceux-ci. Le trafic intensif vers les entreprises agricoles surcharge les routes de campagne, provoquant un vieillissement trop rapide des routes. De plus, les cyclistes et piétons doivent partager la chaussée avec un trafic lourd. Du coup, à un niveau plus global, les activités agricoles de grande envergure ont tendance à s’amenuiser.
Les pénuries croissantes d’eau et sa qualité constituent un défi encore plus grand pour les entreprises. Plusieurs d’entre elles optent pour la fuite en avant et associent leurs propres projets et ambitions au développement d’un nouveau paysage de qualité, avec des réservoirs-tampons collectifs, de nouveaux éléments ruraux, un plan de mobilité intégral et de nouveaux circuits d’énergie. Ce paysage résidentiel moderne forme le trait d’union entre les entreprises et les zones d’habitat.

5. Paysages ambitieux
Pour permettre aux zones naturelles et aux paysages patrimoniaux de se développer et de devenir les poumons de la Flandre, un appel d’offre est lancé chaque année sur le thème des « Ambitieuze Landschappen » (paysages ambitieux). Les associations de protection de la nature, les autorités locales et d’autres acteurs introduisent dans ce cadre un plan de développement d’un paysage spécifique. Chaque année, au moins un paysage est sélectionné.

6. Infrastructure d’espace ouvert
Les villes de l’Eurodelta sont nées et ont grandi autour des voies navigables, très denses dans la région. Suite au changement climatique et aux pics de sécheresse, ce réseau n’est parfois quasiment plus alimenté en eau. C’est l’avenir de l’économie et de l’agriculture liées à l’eau – et donc de toute la région – qui est en jeu. Pendant dix ans, une petite équipe financée par différents budgets octroyés par les pouvoirs publics, encadrée par des projets et investissements locaux et régionaux, va œuvrer à l’élaboration d’une infrastructure bleue dynamique et performante. Grâce à des dizaines de projets concrets, l’espace ouvert deviendra ainsi l’infrastructure autour de laquelle se construira l’avenir de la région.

Après la publication de l’ouvrage Het Open Ruimte Offensief (L’Offensive Espace ouvert), la plateforme Open Ruimte a vu le jour pour un délai de trois ans. L’ouvrage Operatie Open Ruimte (Opération Espace ouvert) est le fruit de son travail.

Type: recherche, publication, expo

Année : 2013

Client : Vlaamse Landmaatschappij

Partenaires : Bovenbouw Architectuur