L’Eurométropole – région comprenant Lille, Courtrai et Tournai comme points d’ancrage – est à cheval sur deux pays et trois régions. Pendant plusieurs siècles, un paysage, un urbanisme et une économie cohérents se sont développés dans cette aire, avec ses rivières et ses canaux pour épine dorsale. La collaboration transfrontalière au sein de l’Eurométropole renoue ainsi avec le fil de son histoire partagée. De l’union des forces naît une masse critique permettant de positionner la région sur le plan national et international.
Dans le projet « L’Espace bleu eurométropolitain », Architecture Workroom Brussels a examiné les possibilités d’un projet transfrontalier s’étirant le long du réseau fluvial de l’Eurométropole franco-belge. Née en 2014, l’idée continue à évoluer sur la base de recommandations, approches et idées développées lors de l’Atelier international Eurométropole (printemps 2013, paraît dans la note « Un Parc eurométropolitain pour l’Eurométropole » rédigée par Pierre Got, Karel Debaere et Oriol Clos – février 2014).
Au printemps 2014, nous avons dressé un état des lieux des connaissances dans ce domaine, des projets courants et des priorités. De là, nous avons pu esquisser des orientations de développement possibles lors de deux ateliers de coproduction avec des urbanistes et autres experts issus de la région. Nous avons ensuite organisé une série d’ateliers plus limités et engagé des rencontres bilatérales avec les partenaires et acteurs concernés. À l’automne 2014, le projet a été précisé et affiné à travers une série de présentations et d’entretiens avec la commission Trame verte et bleue, le forum de l’Eurométropole. Durant tout le processus, le développement du projet a été dirigé et alimenté par l’Atelier 2030. À des moments ponctuels, les auteurs de la note « Un Parc eurométropolitain pour l’Eurométropole » ont également participé au dialogue.
L’Eurométropole se trouve devant des défis de taille et subit des transformations spécifiques à la région transfrontalière. La forte tradition industrielle, par exemple, est soumise à la pression croissante de la délocalisation de la production. Simultanément, la recherche appliquée et l’innovation sont encore trop faibles dans plusieurs « ailes » de l’Eurométropole, ce qui menace l’attractivité de la région pour de nouvelles entreprises ainsi que pour ses habitants, et entraîne une fuite des cerveaux. L’éparpillement du bâti dans cette région, avec ses nombreux hameaux, villages et centres urbains, est également un point faible par rapport aux nombreuses villes très attractives situées alentour. Un projet d’avenir ambitieux, à même d’exploiter et d’organiser d’une nouvelle manière l’espace disponible via de nombreuses initiatives et transformations concrètes, est dès lors susceptible de répondre aux défis et urgences spécifiques, et de créer – au sens littéral – l’espace pour les dynamiques émergentes et les développements souhaités.