Aujourd’hui, les défis mondiaux et locaux se présentent de plus en plus comme des problèmes spatiaux complexes allant de la transition énergétique à la mobilité durable en passant par la socialisation des soins. En découle un regain de confiance dans la créativité pour conduire ensemble notre avenir dans la direction souhaitée. Plusieurs initiatives, études par le projet et projets innovants ont récemment été lancés dans le cadre de LABO RUIMTE – une collaboration ouverte entre l’équipe du maître-architecte flamand et le département de l’Environnement – mais aussi dans de nombreux projets urbains et ateliers de biennales. Le moment est à présent venu de collecter les connaissances, idées et expériences qui en résultent et de les partager.

Les sessions « Designing the Future » sont placées sous le signe de l’élaboration d’un agenda partagé pour la création d’un meilleur avenir. On y cherche des réponses aux questions telles que : quelles leçons peut-on en tirer ? Où en sommes-nous ? Et surtout : quelles sont les étapes suivantes ? Comment mettre en pratique les intentions stratégiques ? Par où commencer et avec qui ? 

Sept sessions Designing the Future ont été organisées par Architecture Workroom Brussels, l’équipe du maître-architecte flamand, la VRP (Vlaamse Vereniging voor Ruimte en Planning, Association flamande pour l’aménagement du territoire et la planification), l’OVAM (Openbare Afvalstoffenmaatschappij, Agence publique des déchets) et l’IABR (Internationale Architectuur Biennale Rotterdam).

Un ouvrage a été publié dans ce contexte en avril 2018. Designing the Future est un « livre de travail » consacré à l’étude par projets utilisée comme levier de la transition sociétale. L’ouvrage, loin d’être un point final, est une étape dans le développement d’un environnement de travail alternatif. 

1. La ville saine

Aujourd’hui, nos convictions dans le domaine de la santé changent sans cesse alors que la santé est plus que jamais perçue comme relevant de notre propre responsabilité. Simultanément, on observe un accroissement des inégalités en matière de santé, surtout dans les grandes villes, ce qui soulève de nombreuses questions. Suffit-il de responsabiliser les gens ? Ou y aurait-il d’autres leviers à activer pour œuvrer à une ville saine ? Le développement urbain entretient avec la santé publique des liens séculaires. Longtemps, l’urbanisme s’est concentré sur l’éradication des maladies et des blessures. Mais tout comme nos idées sur la santé, notre conception d’un développement urbain sain change elle aussi. Les « soins » ont pris le pas sur la « guérison » – from « cure » to « care ». 

Quelles stratégies adopter pour assurer une ville saine et socialement inclusive ? Comment le gouvernement peut-il agir en chorégraphe et organiser un terrain de jeu (des soins de santé) plus équitable, encourageant ainsi la coopération entre acteurs aisés et vulnérables ? Et quel rôle peuvent jouer les concepteurs ? Ces dernières années, en Belgique comme aux Pays-Bas, des études par le projet et des projets pilotes ont développé et testé des pistes de réflexion alternatives afin d’identifier ce que pourrait être un environnement bienveillant dans le futur.

2. Régions d’énergie

En observant simplement les objectifs climatiques, on constate qu’il est grand temps d’opérer une transition énergétique radicale. Traduire ces objectifs ambitieux dans la pratique n’est pas vraiment évident. Cependant, de nombreuses avancées ont récemment été enregistrées grâce aux études par le projet. La question au centre de cette approche est de savoir comment mettre en œuvre la transition énergétique pour repenser fondamentalement la conception de notre environnement et le paysage qui l’accompagne. Comment des formes de production d’énergie alternatives peuvent-elles être intégrées dans le paysage fragmenté qui caractérise notre région où l’espace est si rare ? Comment penser au-delà d’une approche individuelle, isolée et sectorielle ? Comment relier le problème de l’énergie aux défis sociétaux ? Peut-on imaginer d’autres types d’occupation du sol ? Voici quelques-unes des nombreuses questions sur lesquelles nous voulons nous pencher à travers la mise en commun et le partage de connaissances récemment acquises aux côtés de différentes parties, corporations, organisations de protection de la nature, instituts de recherche et instances gouvernementales, pour aboutir à des propositions et actions concrètes.

3. La ville productive

Nous avons besoin de changer radicalement de regard sur la façon d’aménager l’espace dédié au travail dans la ville. En donnant depuis plusieurs décennies la priorité au logement et aux bureaux plutôt qu’à l’économie manufacturière, ce marché a été refoulé jusqu’en périphérie de la ville. Or, si au lieu de voir la ville comme un environnement isolé nous la considérons plutôt comme faisant partie d’une région et d’un système économique beaucoup plus vastes, on génère de nombreuses opportunités de création de bénéfices partagés à long terme. Ceci requiert une approche qui œuvre pour un ancrage stratégique de l’économie productive et qui passe entre autres par la réintroduction de l’industrie manufacturière dans la ville : allant de la manufacture faisant le lien entre le savoir, l’innovation et la production à l’économie circulaire qui investit dans les chaînes économiques plus courtes et durables. La région métropolitaine tirera des bénéfices d’une économie qui investit dans la production et l’emploi au niveau local, le recyclage et les cycles courts.

Comment l’industrie peut-elle à nouveau contribuer à reconstruire la ville ? Comment cette réorganisation de la ville peut-elle aider à améliorer la mobilité, à la fois pour le trafic des navetteurs et pour les transports ? Quels gains sociaux peut-elle susciter ? À Bruxelles comme ailleurs, l’intérêt pour la ville productive a le vent en poupe depuis quelques années, et cela se traduit dans un large éventail de projets et d’initiatives.

4. Logement visionnaire

Le logement reste un des problèmes les plus controversés lorsqu’on envisage l’avenir de la ville. L’urbanisation est galopante, ce qui signifie qu’il y a de plus en plus de monde à la recherche de logements abordables et de qualité dans la ville. La société change elle aussi : processus dynamiques tels que la migration, vieillissement, croissance démographique, modification des schémas familiaux ainsi que des modes de vie et situations de travail... tout cela demande d’adapter sa manière de vivre et l’endroit où on veut vivre. Ces dernières années, de nombreuses initiatives stratégiques et projets (pilotes) originaux ont été lancés pour faire face aux urgences et aux défis liés à la qualité de vie. Une attention particulière est ici accordée aux résidences offrant des soins et aux formes de logement collectif, qui nous livrent d’ores et déjà de nombreuses leçons. Par ailleurs, il reste nécessaire de se tourner vers l’avenir et de chercher activement des alternatives visionnaires susceptibles d’offrir une réponse aux nombreux défis de la vie dans le futur.

5. Concevoir avec des flux

Lorsqu’on intègre les flux dans la conception, la ville et son métabolisme urbain constituent le point de départ. Par analogie avec un organisme vivant, la ville est perçue comme un écosystème et n’est alors plus un territoire statique, défini, mais un flux constant de biens, de capitaux et de gens. De nombreuses études publiées ces dernières années cartographient de manière mathématique, voire statistique, les divers flux de matériaux, aliments, eau et autres formes d’énergie qui entrent dans la ville et en sortent. Ce concept de métabolisme amène en outre à repenser les différents systèmes politiques, écologiques, économiques et sociaux. 

D’un autre côté, l’application pratique – et en particulier la traduction spatiale de ce concept – est pour l’instant plutôt limitée. Le potentiel de cette approche pour des villes plus circulaires, inclusives et résilientes étant très convaincant, plusieurs expériences intéressantes ont récemment été lancées dans notre région. L’enjeu est à présent de continuer de bâtir sur les idées, avancées et expertises que ces expériences ont suscitées. 

6. Moins d’infrastructure, plus de mobilité 

Le trafic est actuellement dans une impasse. Dans notre région aux réseaux très denses, la mobilité constitue un des défis majeurs. Avant tout, il est important de penser à des développements plus compacts tout en atténuant les distances de déplacement et de transport. Par ailleurs, plusieurs révolutions se préparent dans le domaine de la mobilité avec un impact substantiel direct sur la conception de notre cadre de vie. Citons par exemple les innovations technologiques au service d’une mobilité plus durable, l’automatisation toujours plus poussée des véhicules ou la progression rapide des vélos et voitures partagés.

Comment transformer ces tendances en opportunités afin de repenser le réseau de transport dans notre région de manière plus intégrée ? Comment casser ce cercle vicieux où le nombre de routes et de véhicules ne cesse de croître ? Comment proposer une mobilité mieux organisée en mettant en œuvre une approche plus intelligente de l’espace et des infrastructures actuels ? Une étude par projet pertinente partant de différents points de vue a récemment été menée dans ce domaine. En réunissant les connaissances et les parties intéressées, nous espérons arriver plus rapidement à des actions et initiatives concrètes dans la pratique.

7. Espace ouvert ambitieux

L’espace ouvert et l’urbanisation sont souvent perçus comme des forces contraires. Dans une région où la ville et le paysage sont inextricablement mêlés, l’échange mutuel entre espace ouvert et zones urbaines offre toutefois de nombreuses opportunités. Cette idée semble aujourd’hui largement partagée, en partie grâce aux études par le projet. Plusieurs initiatives ont été entreprises pour réunir diverses parties impliquées dans l’espace ouvert : responsables d’administrations, décideurs, société civile, diverses parties concernées, chercheurs ou encore nouveaux acteurs. Entre-temps, l’usage de l’espace ouvert comme clé de voûte et levier de l’urbanisation future de notre région est devenu une ambition partagée. 

Comment traiter l’espace ouvert avec plus d’ambition ? Quelles conditions peut-on créer pour faire place à des paysages productifs ? Comment l’espace ouvert peut-il être un lieu de production d’aliments et d’énergie, de loisirs et de nature ? Comment l’espace ouvert peut-il contribuer de manière optimale au développement urbain, voire le guider ? Toutes ces questions et réponses ainsi que les premières expériences dans ce domaine constituent le point de départ d’une réflexion et d’un savoir collectifs. L’objectif est d’établir un ordre du jour précis pour œuvrer ensemble à des espaces ouverts plus ambitieux dans le futur.

Cette session est plus précisément axée sur la thématique de l’eau. La politique de l’eau touche à un éventail très étendu d’enjeux sociaux, spatiaux, écologiques et économiques ayant un impact sur l’espace ouvert. Par ailleurs, tant aux Pays-Bas qu’en Belgique, on voit se développer autour de la question de l’eau des méthodes inspirantes qui, par extension, sont également pertinentes pour la mise en œuvre de visions quant à la manière de gérer l’espace ouvert.

Type: série de débats, publication


Année : 2016-2017

Initiateurs : Architecture Workroom Brussels, l’équipe du maître-architecte flamand, VRP, OVAM et IABR