Visite de chantier dans la région de Piringen, 28 avril 2025 © RLHV

Un doux soleil printanier, un ciel sans nuages, pas une goutte de pluie à l’horizon : les dieux de la météo étaient favorables aux nombreux participants de la 12e Journée de la Demer. Cette année, le Living Lab Herk et Mombeek était au centre de cette initiative annuelle. Une étape importante pour l’équipe Paysage d’Architecture Workroom. C’est dans le cadre idyllique du domaine du château de Widooie que l’on a fait le point sur un an et demi de Living Lab. En même temps, avec de nombreuses parties intéressées, nous nous sommes tournés vers l'avenir, vers la mise en œuvre des premières actions et à l’extension de cette approche à l’ensemble de la Flandre. Mais derrière ces journées d’avril estivales se profile une ombre préoccupante : notre paysage souffre à nouveau de la sécheresse.

Nous savons depuis longtemps que les périodes de sécheresse prolongée et les inondations destructrices deviendront de plus en plus fréquentes. Le plan d’action du Living Lab constitue une étape vers une vallée plus résiliente. Dans le foyer du château, une mini-exposition retrace l’intense parcours ayant mené à ce plan. Joachim Declerck et Patrick Willems ont guidé le ministre flamand de l’Environnement et de l’Agriculture Jo Brouns, le gouverneur de la province du Brabant flamand Jan Spooren et la députée provinciale Laura Olaerts (Limbourg) à travers des panneaux informatifs et une maquette interactive du paysage (conçue par CLUSTER, le bureau de paysagistes accompagnant la coalition territoriale). Ils racontent comment le processus a constamment encouragé la solidarité entre les secteurs et les sous-régions du bassin versant. Pour résultat : des objectifs collectivement soutenus en matière de sécurité de l'eau. Le ministre souligne la force mobilisatrice des coalitions de territoire et l’urgence de faire de la transformation du paysage une priorité politique, y compris dans son discours d’ouverture : « Le travail accompli ici dans la vallée de la Herk et du Mombeek est un possible modèle pour la future politique de l’eau en Flandre. »

Que cette politique ne soit pas un luxe, mais une nécessité, ressort clairement des chiffres présentés par le professeur Patrick Willems. Dans le cadre du Living Lab, il a lancé une analyse coûts-bénéfices. Résultat : les dégâts dus aux inondations et à la sécheresse coûtent déjà 20 millions d’euros par an dans la région. Sans action supplémentaire, ce chiffre grimpera à 34 millions d’euros par an d’ici 2050, soit 600 à 700 millions d’euros de dommages cumulés d’ici là — sans même compter les impacts écologiques (assèchement des tourbières, perte de biodiversité, etc.). 

L’inaction n’est donc pas une option. La coalition a défini des objectifs d’eau qui constituent la base du premier plan d’action “éponge”. Avec 1,5 million d’euros, une première série de mesures est lancée pour rendre la vallée plus résiliente. Mais ce montant ne couvre qu’une petite partie des risques. Le vrai coût de la résilience est estimé entre 45 et 70 millions d’euros (sans compter un risque résiduel de 200 millions). Malgré cela, l’analyse montre un bilan coût-bénéfice très favorable : investir dans des paysages-éponge, ça rapporte !

Mais que peut-on faire avec 1,5 million d’euros ? Pour maximiser l’impact avec seulement 2 % du budget nécessaire, il faut une stratégie spatiale intelligente. D’où la décision de concentrer les actions dans deux “laboratoires de terrain”, explique Joep Fourneau (Regionaal Landschap Haspengouw & Voeren) : « Nous travaillons depuis des années dans cette vallée. Les premières actions étaient dispersées. Désormais, nous concentrons les moyens pour maximiser l’effet cumulé. C’est un cas de figure où 1 + 1 = 3. »

L’après-midi, une balade guidée a conduit les participants au laboratoire de terrain de Piringen, un paysage de rivières encaissées, de plateaux agricoles secs et de prairies prometteuses.

La nécessité d’un ensemble varié de mesures basées sur la nature a été soulignée lors du débat d’experts. Piet Debecker (INBO) explique :« La vallée du Mombeek est aujourd’hui conçue pour une évacuation trop rapide de l’eau. La sinuosité naturelle de la rivière — normalement 2,5 fois plus élevée dans l’aval — permettrait de réduire considérablement les débits de pointe. Mais l’homme a modifié radicalement le paysage : déforestation, rectification des ruisseaux, drainage agricole, urbanisation… » Ces mesures naturelles ne répondent pas seulement à la question de la quantité d’eau, mais aussi à des défis comme l’érosion sur les pentes agricoles ou la mauvaise qualité de l’eau. Maarten De Jonge (VMM) insiste sur l’effet cumulé des interventions : « Ce qui distingue ce Living Lab, c’est la multitude de petites actions à grande échelle. Je me réjouis de voir autant de mesures d’infiltration, car elles réduisent aussi l’érosion et la fuite de nutriments. »

Déployer de nombreuses petites actions à grande échelle nécessite de la compréhension mutuelle et de la coopération. C’est le message du documentaire réalisé en collaboration avec Storyrunner, projeté lors de l’événement. Le panel de clôture a également mis l’accent sur l’importance de fédérer les forces. Le Living Lab Herk & Mombeek s’appuie sur des années de travail de terrain, mené notamment par le Regionaal Landschap Haspengouw & Voeren, le ‘bekkenwerking’ du Demer (organisation responsable pour la gestion de bassin) et la province du Limbourg. « Notre coalition territoriale grandit, » souligne Steven Beyen (province de Limbourg), « et avec elle la volonté d’écoute entre les différents acteurs ». 

Patrick Willems le souligne aussi: « Le processus a permis une meilleure compréhension des risques propres à chacun et de ceux des autres. Grâce à la modélisation, nous avons compris le fonctionnement du système et les risques résiduels. »

Pour étendre cette approche à toute la Flandre, il est crucial d’investir durablement dans des coalitions nouvelles et existantes. Liesbeth Gellinck (coordination Water+Land+Schap) rappelle : «Une coalition ne se crée pas du jour au lendemain. Et elle ne fonctionne pas immédiatement. Il faut du travail pour créer cette alchimie entre les acteurs. » L’expérience du Living Lab montre que la qualité de la coalition est l’un des plus grands facteurs de réussite.

Joachim Declerck conclut : « Cela fait neuf qu’une coalition forte s’est mise en place dans la vallée de la Herk et du Mombeek, ou les acteurs partagent un mandat, un rôle et une direction. Aujourd’hui, des objectifs clairs sont sur la table depuis lesquels la coalition peut structurer la mise en oeuvre. » C’est une étape prometteuse dans le chemin prôné par le rapport Weerbaar Waterland. Malgré cela, la Flandre est encore loin d’une vraie résilience.

« Il faut de nouveaux cadres pour une meilleure coopération entre les acteurs locaux et les structures supra-locales. Pas seulement via des appels à projets exceptionnels, mais en intégrant durablement cette approche dans les politiques régulières. »

Il est donc temps de faire valoir ces nouvelles connaissances de terrain jusqu’au sein des politiques en développement – pour que les bonnes initiatives ne s’assèchent pas, mais irriguent un paysage structurellement résilient ! 

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